Compte tenu des contraintes de mise en œuvre, beaucoup estiment “qu’il y a autant de chances de voir un hélicoptère traiter des vignes dans l’Aude cette année que de voir un ovni”.
Face aux importantes précipitations survenues depuis le 15 avril dans la région et la forte pression mildiou qui en a découlé, l’ensemble de la profession viticole de l’Aude et de l’Hérault s’était rangé sous la bannière commune de la demande de traitement des vignes par voie aérienne. En effet, bon nombre de parcelles sont rapidement devenues inaccessibles pour leurs exploitants, empêchant toute possibilité de traitement par voie terrestre. C’est donc en ce sens que, comme l’indique le syndicat des vignerons audois, “une première demande de dérogation à l’interdiction de pulvérisation aérienne des produits phytopharmaceutiques avait été formulée fin avril, mais restée sans effet. Une nouvelle demande de dérogation a donc été déposée le 15 mai, par les Chambres d’agriculture de l’Aude et de l’Hérault, avec le soutien de toute la profession viticole des deux départements”. Les jours passant, la situation s’est révélée de plus en plus urgente pour les représentants de la profession, qui ont trouvé un soutien appuyé auprès des élus députés, sénateurs, conseillers régionaux et départementaux.
Une conférence de presse de la dernière chance avait même été organisée le 19 mai, à Narbonne, pour exhorter les pouvoirs publics à prendre une décision rapide, sans quoi des pertes totales de récolte seraient à déplorer dans beaucoup de zones inaccessibles. À cette heure-là, l’avis favorable à cette dérogation avait été obtenu auprès des trois ministères impliqués (agriculture, santé et environnement), ainsi que l’accord officieux en provenance du cabinet du Premier ministre. “Nous espérions donc une officialisation rapide de cette dérogation, dès le mercredi 20 mai, pour permettre à tous ceux qui en avaient besoin de démarrer un traitement aérien, alors que se dessinait une fenêtre météorologique idéale avec la chute du vent”, indique ainsi Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l’Aude.
Autorisation tardive
La publication de l’arrêté au Journal officiel n’est pourtant intervenue qu’en fin de semaine, le samedi 23 mai, pour l’épandage par voie aérienne de produits phytopharmaceutiques pour les vignes de l’Aude et de l’Hérault. Mais quatre jours de délai, à l’échelle vigneronne dans un tel contexte de pression cryptogamique, c’est beaucoup trop long. “Sans autre solution, certains n’ont pas hésité à entrer dans les rangs avec une mini-pelle pour pulvériser, mais il ne faut pas être étonné de l’état des ornières dans les inter-rangs après ça”, souffle Ludovic Roux, président de la section vignerons coopérateurs de Coop de France Occitanie. La difficulté ne s’est cependant pas arrêtée au délai d’approbation de la dérogation, car celle-ci a été assortie de conditions de mise en œuvre aussi drastiques que contraignantes sur le plan administratif, avec utilisation exclusive de bouillie bordelaise, autorisée en bio. “Une nouvelle fois, la charge administrative pèse sur les exploitants agricoles dans un contexte d’urgence sanitaire pour la récolte 2020. Les exigences du gouvernement, telles que la largeur des bandes tampons et les déclarations préalables ou a posteriori, sont tout bonnement inadmissibles”, regrette ainsi le syndicat des vignerons de l’Aude dans son communiqué.
L’organisation syndicale salue toutefois l’avancée majeure obtenue dans la mesure où, depuis l’interdiction totale de l’épandage sur vignes par voie aérienne en 2015, il n’y a eu qu’une seule autorisation de déroger, en 2016, sur un vignoble alsacien en forte pente. “Concrètement, la mise en œuvre est trop contraignante pour que nous voyions des hélicoptères traiter avec cette dérogation. Mais nous allons poursuivre notre action pour faire fructifier cette avancée et aller plus vite la prochaine fois”, ajoute Frédéric Rouanet.
De son côté, Ludovic Roux, qui, comme les autres acteurs de la filière viticole, a soutenu la demande de dérogation depuis le début, se dit plutôt déçu. “Nous avions monté un très bon dossier, avec un souci prépondérant de respect de l’environnement, en ne demandant que des produits autorisés en bio ou dans le cadre de la norme HVE 3. Nous nous retrouvons avec une usine à gaz administrative et un délai trop éloigné de notre réalité de vigneron. Tout le monde se débrouille donc pour agir comme il peut par voie terrestre. Heureusement que la météo va un peu plus dans notre sens ces jours-ci”, déplore-t-il.
Olivier Bazalge
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