On la connaît tous avec sa casquette de présidente de la FDSEA 34, et l’engagement qui est le sien dans différentes organisations professionnelles agricoles. Après huit années à siéger en tant que représentante de la Chambre d’agriculture de l’Hérault au sein du comité technique départemental de la Safer – dont les principales fonctions sont l’attribution et la préemption de terres agricoles (2 000 hectares attribués en 2020, représentant un montant de 23,5 millions d’euros, et 80 dossiers de préemption traités, ndlr) – Sophie Nogues a été désignée présidente de ce dernier, le 8 décembre 2020. Une nomination qui la rend profondément heureuse, d’une part, parce que son prédécesseur, Denis Carretier, "a laissé ce comité sur de bons rails et a su mener à bien des projets fonciers ambitieux", d’autre part, parce que s’il y a bien un sujet qui lui tient particulièrement à cœur, c’est celui du foncier agricole. Et pour cause. "La terre, c’est l’outil de travail non négociable pour un agriculteur", rappelle Sophie Nogues.
C’est aussi celui qui fait l’objet de nombreuses pressions au regard du développement urbanistique et des zones commerciales dans ce département, mais aussi de multiples critiques de la part des agriculteurs dont les dossiers présentés à la Safer n’ont pas été retenus. "Quand il y a dix candidats sur une parcelle, il y a un heureux et neuf en colère, car ces derniers n’ont pas eu gain de cause. Les éconduits véhiculent ensuite une mauvaise image de la Safer, alors que c’est un outil au service de tous les agriculteurs et qui peut, en outre, apporter du conseil", explique-t-elle. Et la présidente de rappeler les critères de sélection : l’installation des jeunes, la restructuration et modernisation des exploitations, un agriculteur qui a fait l’objet d’une expropriation et qui sans accès à d’autres terres verrait son activité agricole en danger.
Orientations stratégiques
Pour le comité technique départementale, la priorité des priorités restera le défi à relever du renouvellement des générations en agriculture, avec l’installation de jeunes agriculteurs dans le cadre familial ou hors cadre familial, plus particulièrement dans les filières prédominantes de l’Hérault, à savoir la viticulture, l’élevage et l’arboriculture. "L’enjeu est majeur, car de nombreux départs à la retraite vont arriver dans les dix prochaines années. Il va donc falloir renforcer les liens avec les JA et la Chambre d’agriculture pour accompagner l’installation des jeunes", argumente la nouvelle présidente du comité technique de la Safer 34.
L’autre orientation stratégique est la vigilance que doit avoir la Safer sur la consommation des espaces agricoles en zones périurbaines et littorales, afin de lutter, entre autres, contre la cabanisation et le mitage des zones agricoles. Ainsi, avec le grand ouvrage de la ligne TGV Montpellier-Perpignan, "nous nous positionnerons avant et après ce grand ouvrage au niveau des délaissés", indique-t-elle. Sur ce projet, ce sont 800 ha de terres agricoles, dont 600 ha en viticulture et 200 ha en grandes cultures, qui sont déjà impactés sur le seul tronçon de ligne de Montpellier–Béziers.
Le travail au quotidien du comité devra aussi porter sur les mesures de compensations environnementales qui, elles aussi, dans certains cas, peuvent consommer des espaces agricoles. Un sujet particulièrement délicat, avec des opérations compliquées en raison de la présence "sur les rails" d’investisseurs hors milieu agricole, d’agriculteurs et de collectivités territoriales. Un des dossiers en cours portant sur 48 ha, à Marsillargues, présente cette configuration, et des enjeux de taille en termes d’installation et de compensations environnementales. Dans tous les cas, si la présidente souhaite inscrire sa future action dans la continuité du travail réalisé par son prédécesseur, elle désire aussi apporter sa touche personnelle.
L’idée d’une doctrine foncière
En dehors de ses nouvelles fonctions à la Safer 34, Sophie Nogues travaille sur une doctrine foncière héraultaise qui proposerait une ligne de conduite partagée avec la profession agricole et ses organisations professionnelles. La doctrine se déclinerait au travers de fiches sur les grands enjeux de la consommation des espaces agricoles pour permettre d’argumenter sur l’artificialisation des terres agricoles, les compensations environnementales en zone agricole, les friches agricoles, le droit de préemption des communes dans les aires d’alimentation des captages, etc.
"L’enjeu est de taille car, chaque année, la surface artificialisée des terres n’a de cesse de progresser, et ce, à l’échelle de tout le territoire national. Même si les politiques ont maintenant pris cette problématique au sérieux et plaident pour le zéro artificialisation nette à l’horizon 2050, nous devons, nous, les acteurs du foncier, nous mobiliser fortement sur ces problématiques. Mais le travail doit se poursuivre, et c’est là toute l’idée de cette doctrine", détaille Sophie Nogues.
Florence Guilhem
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