Aude, Gard, Hérault 03/11/2020
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La picholine s’en sort mieux que la lucques

De l’Aude, en passant par l’Hérault, les Pyrénées-Orientales et le Gard, la récolte d’olives de table 2020 est la pire depuis longtemps. Pour les olives à huile, les prévisions s’annoncent moins catastrophiques.

Tous territoires confondus pour l’AOC Lucques, les 8 t ne seront pas atteintes, alors que les producteurs ont revendiqué 140 t l’an dernier. © Huilerie-Confiserie de Clermont-l’Hérault

Alors que la récolte d’olives à huile bat son plein, coopératives et producteurs privés sont catastrophés par le bilan de la récolte d’olives de table, particulièrement celle concernant la lucques. "Dans l’Hérault et l’Aude, les pertes sont estimées entre 80 et 95 % par rapport à l’an dernier. À L’Oulibo, à Bize-Minervois, dans l’Aude, la coopérative a recueilli autour de 37 t de lucques, dont 5,7 t éligibles en AOP, alors que, d’ordinaire, la récolte avoisine les 350 t, dont 110 t en appellation. Cette année, tous territoires confondus pour la lucques sous appellation, nous n’atteindrons pas les 8 t, alors que les producteurs ont revendiqué 140 t l’an dernier. Cela faisait 20 ans que nous n’avions pas été confrontés à une telle situation", note Julie Carou, chargée de mission au Syndicat de défense de la Lucques du Languedoc et de l’Huile d’olive du Languedoc. "C’est même une première pour certaines coopératives", ajoute de son côté, Delphine Antolin, chargée de mission environnement et animatrice de la filière oléicole à La Coopération agricole Occitanie.

Dans l’Hérault, à l’Huilerie-Confiserie de Clermont-l’Hérault, "on n’atteint même pas 3 t alors que, l’an dernier, nous avions rentré plus de 55 t. C’est une catastrophe pour nous, car notre marché principal, c’est la lucques. Or, nous n’avons pas de stock, car cette olive se vend dans l’année et très vite", regrette Hélène Pagès, ex-directrice de la coopérative. Dans les Pyrénées-Orientales, si la récolte n’est pas non plus des meilleures, les pertes sont estimées à 50 % par rapport à la moyenne de trois ans pour les variétés olivière de Milla et cornille. En cause : la fréquence des pluies pendant la floraison, qui a empêché toute dispersion des grains de pollen, malgré une floraison qui s’annonçait sous de bons auspices. Sans compter les dégâts provoqués par la mouche de l’olivier. "Avec moins d’olives sur les arbres, les oléiculteurs n’ont pas pris la peine de traiter. Une fois cela dit, si la mouche est toujours active, elle ne l’est pas plus que les autres années", commente Julie Carou. Reste "qu’une olive piquée ne peut pas être commercialisée en olive de bouche", relève Delphine Antolin.

La picholine à la rescousse de la lucques

Seul le Gard est passé "entre les gouttes", même si la récolte se révèle finalement moyenne, avec des arbres moins chargés que d’ordinaire, et si la mouche de l’olivier a fait peu de dégâts. "Les producteurs d’AOP Olive de Nîmes ont récolté environ 40 t de picholine, ce qui reste raisonnable pour le bassin dans lequel sa destination, en olive de table, est bien moins exploitée que dans l’Hérault ou l’Aude", indique la chargée de mission. Les volumes seront donc au rendez-vous et les quotas sont quasiment atteints partout, ainsi que la qualité, même si ce n’est pas l’année exceptionnelle à laquelle on pouvait s’attendre en début de saison. 

À l’Huilerie-Confiserie de Clermont-l’Hérault, la récolte de la picholine est estimée autour de 7 t, soit 4 t de plus qu’en 2019. "Face au manque de lucques pour les olives de table, la picholine, que nous réservons d’ordinaire pour l’huile d’olive, sera préparée pour la table. Le reste sera destiné à l’huile", indique Hélène Pagès. Mais la picholine, qui s’en sort mieux que la lucques, cette année, ne permettra pas de compenser les pertes de cette dernière.

À Bize-Minervois, la récolte de la picholine en olives de table, bien que moyenne, sera supérieure à celle de la lucques. 

Coopératives et privés comptent donc se rattraper avec les olives à huile, grâce aux nombreuses variétés dont ils disposent, "mais ce ne sera pas une grosse récolte non plus", reconnaît Hélène Pagès. Et pour cause : les variétés à huile ont également été impactées, et la récolte en cours sera, à l’évidence, à la peine, pour ne pas dire mauvaise, "même si on arrivera quand même à faire de l’huile d’olive", assure ainsi l’ex-directrice de l’Huilerie-Confiserie de Clermont-l’Hérault. 

Face aux pertes conséquentes de la récolte 2020, des demandes de reconnaissance de l’état de calamité agricole ont été réalisées dans chaque département par les syndicats respectifs (Syndicat de défense de la Lucques et de l’Huile d’olive du Languedoc et Syndicat AOC Huile d’olive du Roussillon). "Les élus locaux ont été également alertés de la situation critique pour les moulins, les confiseries et syndicats, qui auront du mal à passer ce cap difficile, cumulé à la crise sanitaire liée à la pandémie du Covid-19", indique Julie Carou. De plus, en raison des incidences sur les ventes avec le confinement imposé par le gouvernement du 17 mars au 11 mai dernier, le Syndicat de défense de la Lucques et de l’Huile d’olive du Languedoc, compte tenu de la belle année 2019 pour l’AOP Lucques du Languedoc, a démandé une modification du cahier des charges sur l’allongement de la durée de conservation à avril 2021 pour la lucques pasteurisée et juin 2021 pour la fraîche. "L’idée est que les producteurs ne perdent pas le bénéfice de l’appellation et puisse la valoriser le mieux possible", conclut Julie Carou.

Florence Guilhem

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