Les vignes conduites en bio atteignent aujourd'hui 12 % du vignoble français.
Si la démarche bio "n'est pas un long fleuve tranquille", pour paraphraser Olivier Merrien, directeur général du groupe ICV, les vignes conduites en bio atteignent aujourd'hui 12 % du vignoble français. La production de vigne bio a connu "une accélération très forte", de + 20 %, a révélé l'Agence bio, début juin.
Face à l'engouement et aux prévisions de volumes qui doubleraient en 2022, quid de l'apport national, et des modes de consommation ? Et que se cache-t-il vraiment derrière la dénomination "biologique", à l'heure où les produits "sans" (sulfites ajoutés, pesticides, intrants d'origine animale) s'invitent sur le marché ?
Un déficit de sourcing en Occitanie
Cave coopérative de référence, première de France, qui rassemble 900 ha de vignes dont 750 ha en bio, la Voie d'Héraclès (Codognan, Gard) accueillait les intervenants et le public de cette journée consacrée aux vins bio. Suite à l'épisode de gel début avril sur le vignoble, Jean-Fred Coste ne prévoit pas plus de 50 000 hl pour le millésime 2019. "Les temps sont durs", a reconnu le président de la cave, selon qui la dynamique de conversion "a été trop lente". A ce jour, "le sourcing de vin bio de qualité est largement insuffisant en Occitanie", estime-t-il. "Pour être un super héros demain, il faudra faire du bio positif." Soit, mais comment évoluent les habitudes de consommation, et comment s'exporter plus "positivement" ?
Le bio, élément rassurant de consommation
"Il y a une rupture entre la valeur et le mode de consommation", assure Pascale Hébel, directrice du pôle Consommation et entreprise au Credoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie). Alors que la génération d'avant 68 privilégiait la consommation plaisir, les générations de la fin des années 90 misent sur le "mieux manger". En raison de la "féminisation de la société", et des préoccupations environnementales, les consommateurs privilégient la qualité, et "sont prêts à payer plus". Aujourd'hui, le bio serait un gage d'aliment de qualité. "En 2015, le bio était une caractéristique rassurante pour 74 % des Français." En 2018, la méfiance à l'égard des pesticides et des produits de synthèse se concrétise dans les réflexes d'achats, tournés vers le bio et le "naturel". A l'avenir, ce sont les leaders d'opinion et les catégories à haut capital culturel qui accompagneront ce changement de consommation. Pour l'heure, c'est le local et les produits de proximité qui rassurent, explique Pascale Hébel.
Un vin pas comme les autres
"Le vin bio, ça ne se vend pas comme un vin, ni comme du bio, mais un peu des deux", analyse Florent Ghul. Essentiellement vendu en vente directe, le vin bio est en progression, atteste le directeur de l'Agence française bio :"2,21 Mhl de vins bio français ont été mis sur le marché en 2017, dont 57 % consommés en France". Parmi les principaux marchés, l'Europe représente 77 % des vins bio tranquilles en volume avec en tête, l'Allemagne, la France, et le Royaume-Uni. A l'export, la performance des vins bio ne se discute plus, comme l'assure Olivier Gergaud, professeur d'économie à Kedge Business school. Indépendamment des aléas climatiques, la "stabilité des performances financières" est assurée, hormis en cours de conversion, qui ne permet pas de dégager des bénéfices. En passant du conventionnel à l'AB, "on gagne en qualité, soit + 4 %". Les viticulteurs bio sont ainsi "plus nombreux à exporter", ce qui pèse plus de 10,5 % dans leur chiffre d'affaires. Alors qu'aux Etats-Unis, le marché ne s'embarrasse pas de la distinction entre bio et biodynamie, en France, les termes font sens.
Philippe Douteau
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