Une des réponses est incontestablement dans la mise au champ des robots. “Avec les robots, le viticulteur dispose de plus de temps pour mieux se concentrer sur l’application des traitements, par exemple, comme sur des tâches de qualité. Pour atteindre ces objectifs et se concentrer sur son produit, la solution, j’en suis convaincu, passe par la robotique”, indique Roland Lenain, directeur de recherche à l’Irstea. Et s’il y a une filière agricole qui pourra bénéficier de la robotique le plus tôt, c’est bel et bien la viticulture, non seulement parce qu’elle est en première ligne par rapport à la nécessaire diminution des produits phytosanitaires, véritable épée de Damoclès suspendue au-dessus de sa tête, mais également “parce que c’est une culture à forte valeur ajoutée, qui pourra absorber le surcoût des robots”, ajoute-t-il.
Des robots dans les vignes
Avec l’arrêt prochain du glyphosate, le désherbage mécanique devrait devenir incontournable, ce qui représente un travail particulièrement chronophage pour les viticulteurs. “Face à cela, les viticulteurs doivent trouver de nouvelles solutions. La robotique est une bonne alternative pour compenser le manque de main-d’œuvre et leur permettre de mettre la bonne dose de produits phytosanitaires au bon endroit. Avec l’arrêt du glyphosate, le travail du sol devient, de toute façon, un axe obligatoire”, précise Cédric Bache, co-fondateur de la société VitiBot, invité au Forum international de la robotique agricole (Fira), en décembre dernier, à Labège.
Pour répondre à ces besoins, cette société, créée en 2016 à Reims, a mis au point un robot électrique, de type enjambeur, muni de quatre roues motrices, bien adapté aux coteaux champenois (le robot supporte des pentes de 45 %, selon la société). Sur la plateforme Bakus, huit capteurs ont été placés, donnant, entre autres, des informations sur la densité de feuillage et le “calibrage” du pulvérisateur. Opérationnel pour recevoir des outils de travail du sol et de désherbage mécanique, Bakus a été conçu pour être polyvalent. D’ici 2021, il devrait être doté d’une nouvelle fonction de pulvérisation confinée.
Sitia, PME créée en 1986, spécialisée dans les bancs d’essais automobiles et ferroviaires, s’est lancée dans la robotique agricole en 2014. En 2018, Sitia crée son robot agricole autonome et sécurisé, Pumagri, qui s’adapte pour les maraîchers, les cultures de plein champ et la viticulture (désherbage, binage, assistance au récolte, etc.). Cette plateforme allie les avantages de la robotique et des besoins des agriculteurs. En novembre dernier, elle a présenté au Sitevi, la marque Trektor. “L’idée est d’utiliser les outils qui existent et les combiner”, indique Fabien Arignon, directeur général de Sitia. Ce robot multi-espèces et multi-outils peut s’utiliser tant en vignes étroites que larges, mais également pour le maraîchage de plein champ et sous serre, ainsi que pour l’arboriculture. Testé en conditions réelles chez les agriculteurs en 2020, il devrait être commercialisé à la fin de cette année-là ou en 2021.
Pour Thierry Bidaut, responsable de vignobles dans la région champenoise, pour le groupe Pernod Ricard, la solution pour diminuer le risque d’exposition des opérateurs aux produits phytosanitaires et réduire leur usage, “la solution passe par la robotique agricole. Avec ces robots, l’opérateur n’a plus besoin d’être dans la machine, mais à proximité. Si notre région impose une vendange à la main, le point d’entrée des robots est par le travail du sol et la pulvérisation, en sachant que ces deux travaux représentent les 2/3 du travail des vignes”. Si le travail des robots se fait à la parcelle, “l’échelle à laquelle il faudra travailler demain, c’est celle du plant”, conclut-il. Tout cela suppose des changements dans les pratiques, ainsi qu’une bonne maîtrise des usages des robots.
Un nouveau métier demain ?
Si les robots sont à même de diminuer la pénibilité des tâches et redistribuer du temps de travail vers des opérations ayant une plus forte valeur ajoutée, il est nécessaire pour les viticulteurs de maîtriser et de donner les bonnes informations au robot pour qu’il puisse accomplir ses tâches correctement. Or, deux paramètres peuvent faire “enrayer” la machine : la subjectivité de l’appréciation par le viticulteur et des informations précises que ce dernier n’a pas ou ne peut pas détecter. Autre enjeu important : bien renseigner la zone d’application et de travail.
Last but not least, la maîtrise des techniques et processus liés à la robotisation, impliquant de nouvelles aptitudes que les viticulteurs ne possèdent pas nécessairement, ou ne sont pas habitués à fournir. Pour éviter les écueils, de nombreuses formations et retours d’expériences existent, ainsi que l’appui technique proposé par les sociétés qui mettent au point ces robots agricoles.
Florence Guilhem
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