Le Narbonnais est resté une nuit en alerte, mais dans l’Ouest de l’Aude, trois rivières ont débordé. Entre le dimanche midi et le lundi matin, en quelques heures de précipitations, la Vixiège, l’Hers-vif et Fresquel sont sortis de leur lit submergeant quelques parcelles de cultures de légumes d’hiver et de céréales. En six ans, Laure Marty-Magniago, maraîchère en bord de la Vixiège, dans la Piège, n’avait jamais vu un débordement si important et si rapide. Il a suffi de 24 heures de pluie pour que le ruisseau qui borde ses 9 hectares de choux recouvre la parcelle entière. La totalité des cultures de deux maraîchers a été submergée. Pour compliquer la situation, les routes ont été coupées sur divers points, du fait de rivières très sinueuses. “Tous nos choux sont recouverts de limon. Ils ne sont plus commercialisables”, explique l’agricultrice, qui aura essayé de nettoyer ses blancs choux-fleurs. Dans cette zone, il n’existe pas de systèmes d’irrigation. De ce fait, les producteurs plantent en bord de rivière. D’autres maraîchers, plus chanceux, avaient déjà terminé leurs cultures en bord de rivière et l’eau n’est pas montée jusqu’aux serres situées plus haut. Plus bas, dans la plaine du Lauragais, des parcelles de blé dur et de colza ont été inondées. Les dégâts ne sont pas encore expertisés. “C’est une période où l’eau n’est pas bienvenue sur les jeunes pousses céréalières”, explique Laure Marty-Magniago, co-présidente de la section audoise des Jeunes agriculteurs. Les céréaliers devront attendre quelque temps pour prendre la mesure des dégâts. “Les températures des jours suivants sont descendues jusqu’à – 5°C. Le gel sur certaines zones gorgées d’eau aura peut-être aggravé les dégâts”, s’inquiète Jean-Pierre Alaux, président de la FDSEA de l’Aude. Mais les plus gros dégâts se sont portés sur les pertes de fonds. S’il est tombé entre 90 et 100 mm d’eau sur l’Ouest audois, les pluies ont été plus longues et plus importantes en amont. L’Ariège et la Garonne ont débordé. Les cours d’eau de ces départements ont lâché beaucoup d’eau, chargeant les rivières et ruisseaux en aval. Gonflés, ils ont accumulé, en quelques heures, une force exceptionnelle. Ainsi la puissance et la quantité d’eau ont fait sauter quelques digues provoquant, plus bas, l’effondrement de berges. D’importantes parties de parcelles ont été détruites. “Sur certaines zones, la rivière s’est déplacée de 8 mètres”, commente la jeune maraîchère. La FDSEA, réunie mardi 18 janvier au matin, a commencé à dresser un bilan, afin de solliciter la calamité agricole.
Le stockage de l’eau toujours attendu
La Chambre d’agriculture de l’Aude doit lancer un état des lieux. Des experts vont se déplacer. “Nous avons eu suffisamment d’eau ces derniers mois, les nappes sont rechargées. Ce qui ne résout pas du tout le manque d’eau dans l’Aude. Le département est séparé en deux. Nous avons l’Andalousie audoise qui subit une sécheresse très forte, alors que la pluviométrie est favorable dans le Carcassonnais, le Limouxin, le Lauragais. La coupure, c’est l’Alaric. L’eau descend, et nous ne sommes toujours pas capables de la stocker”, commente Philippe Vergnes, président de la Chambre d’agriculture de l’Aude. Il alarme une fois de plus sur les prévisions de manque d’eau “au niveau de la Grèce et de l’Espagne”. Il rappelle aussi que “depuis 2013 un travail est engagé pour des projets de stockage d’eau : un bassin de 4 à 5 millions de m3 d’eau”. Philippe Vergnes s’insurge du temps trop long : “les vrais barrages sont une administration trop lente. Nous avons perdu pour cette année de pleine sécheresse 12 millions de m3 d’eau du fait de lenteur administrative.”
Catherine Jauffred
ICI
Votre encart
publicitaire !
Publiez facilement vos annonces légales dans toute la France.
Grâce à notre réseau de journaux partenaires.
Attestation immédiate, service 24h/24, 7 jours/7
Chaque semaine, retrouvez toute l'actualité de votre département, des infos techniques et pratiques pour vous accompagner au quotidien...
Découvrez toutes nos formulesInscrivez-vous GRATUITEMENT à nos newsletters pour ne rien rater de notre actualité !
S'abonner