Aude, Gard, Hérault 25/02/2020
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Christiane Lambert, l’invitée de marque de l'AG de la FDSEA du Gard

À l’occasion de son assemblée générale, la fédération gardoise de la FNSEA a invité la présidente nationale du syndicat, Christiane Lambert, pour effectuer un tour d’horizon exhaustif des dossiers chauds émaillant l’actualité agricole. Le changement climatique, ses conséquences, et les mesures prises par le monde agricole pour s’y adapter ont été placés au centre des débats.

Christiane Lambert et David Sève ont présenté le changement climatique comme thématique centrale de préoccupation du monde agricole, à l’occasion de cette assemblée générale de la fédération gardoise de la FNSEA.

Désireuse, de mieux appréhender les réalités de terrain de la profession agricole en contexte méditerranéen, Christiane Lambert, présidente nationale de la FNSEA, est venue honorer de sa présence l’assemblée générale de la fédération départementale gardoise du syndicat. En effet, à l’heure où le changement climatique occupe tous les esprits, la fédération gardoise a tenu à mettre ce sujet en tête d’affiche de cette assemblée. 

“Certes, nous voulons parler de changement climatique, mais dans la perspective d’apporter des solutions. Pas à l’échelle mondiale, mais dans notre dimension locale, en termes de cultures adaptées, d’apport d’eau, de système d’assurance-récolte”, présente David Sève, président de la FDSEA du Gard, qui animait à cette occasion. Il se félicite de la présence de Christiane Lambert à ses côtés, car elle incarne ce que les agriculteurs ont la chance d’avoir, “des élus connectés à la réalité du terrain et eux-mêmes confrontés aux problèmes de leurs exploitations. C’est pourquoi nous avons présenté aujourd’hui à Christiane Lambert les contraintes de notre agriculture méditerranéenne. Elle est en mesure de comprendre les enjeux liés à l’évolution et aux aléas climatiques répétés”.

Aléas plus fréquents à l’avenir

Et Christiane Lambert n’en pense pas moins. Elle indique ainsi que tous les sujets sur lesquels se penche la FNSEA sont remontés par les élus départementaux, “de l’immatriculation des tracteurs au Brexit, ce sont nos 83 fédérations départementales qui nous donnent la matière à travailler. Sur les 430 000 agriculteurs en France, environ 200 000 sont adhérents à la FNSEA, dont 100 000 employeurs de main-d’œuvre”, situe-t-elle rapidement. Même si elle n’a pas souvent eu l’occasion de venir dans le Gard, elle salue la volonté de la fédération d’avoir mis en avant la thématique forte du changement climatique, “car non seulement l’agriculture est très concernée, mais elle doit être source de solutions face à ce changement”, poursuit-elle. 

Elle rappelle combien ce sujet est plus que jamais d’actualité au regard de l’année écoulée, qui a vu 87 départements français en déficit hydrique et restrictions d’irrigation. Pour certains d’entre eux, sécheresse, canicule et parfois inondations, gel ou tempête ont complété un tableau déjà bien rempli. “Et les experts sont plutôt clairs à ce sujet : à l’avenir, nous allons être de plus en plus soumis à ces aléas alternant déficits hydriques sévères et excès d’eau dus aux fortes pluies”, appuie la présidente de la FNSEA.

Face à ces aléas, la prévention est incontournable aux yeux de Christiane Lambert. Si 30 % des grandes cultures et 25 % des vignes sont assurées vis-à-vis des aléas climatiques, elle s’indigne de la difficulté rencontrée par la filière arboricole pour trouver des contrats d’assurance cohérents. “Un travail est mené avec le ministère pour faire avancer cela, car nous considérons aujourd’hui que dans certaines zones plus fortement soumises aux accidents climatiques, cela reste trop risqué de ne pas être assuré. Ne pas assurer un bien à ciel ouvert aussi exposé, c’est prendre des risques trop importants même si cela demande un coût supplémentaire à intégrer”, appuie Christiane Lambert, qui ne veut pas revoir le désarroi qu’elle a rencontré chez certains arboriculteurs drômois non assurés, touchés par la grêle en 2019.

Des solutions grâce à la science

Soucieuse de montrer que le secteur agricole est pleinement conscient de ce changement climatique, elle souligne encore que la filière travaille tout autant sur l’atténuation que sur l’adaptation de ses pratiques, car “il n’y a pas de climato-sceptiques en agriculture, il n’y a que des climato-actifs !”, lance-t-elle donc avec son sens aiguisé de la formule. Elle ne dément pas que le secteur agricole a sa part de responsabilité comme cause de ce changement climatique. Mais elle n’oublie pas non plus de préciser que l’agriculture en est une victime incontournable, et doit être porteuse de solutions pratiques pour limiter son impact sur le climat. “Notre activité est à ciel ouvert, et nous prenons de plein fouet, quelle que soit la culture, tout ce qui peut se passer au niveau climatique,” rappelle-t-elle encore. Le travail sur la prévention, lorsqu’il est possible, est donc incontournable, de même que l’avancée du système assurantiel sur les récoltes et le fonds pour préserver l’économie des exploitations agricoles.

Mais ce travail d’atténuation de l’impact agricole sur le climat ne peut se faire que par la science, explique Christiane Lambert. “La limitation des intrants passe par des variétés plus résistantes aux maladies, mais aussi à la sécheresse. Mais la science a besoin de temps long. Il y a deux ans, des variétés résistantes issues de l’Inra de Colmar ont été présentées à Nicolas Hulot, mais il a fallu 17 ans de recherche pour arriver à cela”, prolonge-t-elle. Et de regretter par la même occasion les rapidités des temps politiques et médiatiques avec lesquels les agriculteurs doivent concilier. De la même manière, elle rappelle que le secteur agricole a baissé de 12 % les émissions de gaz à effet de serre… en 22 ans. Mais, là encore, le temps n’est pas compressible pour voir aboutir les résultats du travail engagé pour limiter les émissions grâce à l’optimisation des troupeaux de ruminants ou à l’évolution des pratiques culturales.

Bio-carburants et bio-matériaux

“L’agriculture a été reconnue dans la COP 21 comme l’un des secteurs qui allait pouvoir contribuer à la limitation du réchauffement planétaire à 1,5°C pour pouvoir atteindre les objectifs de l’accord de Paris ratifié à cette occasion”, rappelle Christiane Lambert. La captation du carbone dans les sols agricoles grâce aux cultures ou aux pâturages est ainsi mise en lumière par la présidente de la FNSEA, qui soutient d’autant plus cette orientation que “un hectare de maïs capte deux fois plus de carbone qu’un hectare de forêt. Toutes les cultures ont cette capacité à capter le carbone, défend-elle. Dans cette perspective, le rôle des pâturages destinés à l’élevage prend toute son importance. Christiane Lambert indique ainsi que les 13 millions d’hectares de prairies en France captent plus de 30 % du carbone émis par les bovins.

L’autre axe de ce rôle de l’agriculture dans la limitation du réchauffement planétaire repose sur la production de bio-matériaux et bio-carburants. La présidente de la FNSEA dévoile ainsi que, grâce à sa production de bio-carburants, le diester en particulier, la France est autonome à 55 % dans la production de protéines destinées à l’alimentation animale, alors que l’Europe, dans son ensemble, n’affiche que 35 % d’autonomie sur ce point. “La recherche nous permet d’avancer sur ces sujets-là en proposant aujourd’hui des bio-carburants 100 % renouvelables, y compris en colza et tournesol”, se félicite-t-elle.

Compensation carbone pour l’industrie

Par ailleurs, les bio-matériaux destinés à remplacer les produits à base de plastique sont voués à connaître un essor considérable et doivent être pris en compte dans le comptage de la captation du carbone opérée par l’agriculture : couverts en bois, ami-don de maïs ou de pomme de terre, lin ou chanvre utilisés pour l’isolation des habitations, et même matériaux bio-sourcés pour les carrosseries de voiture. Christiane Lambert insiste donc sur les multiples pistes développées par la filière agricole pour contribuer à apporter des solutions face au changement climatique. 

“Nous travaillons, en outre, sur des contrats de prestation pour le service environnemental en tonnage de carbone capté, pour permettre à l’industrie de s’appuyer et rémunérer l’agriculture pour décarboner”, évoque-t-elle encore. Ainsi, dans les pays de la Loire, certains agriculteurs touchent jusqu’à 4 000 €/an pour l’entretien vertueux des haies financé grâce à un contrat établi avec La Poste, car “toutes les grandes entreprises cher-chent des solutions vertueuses de compensation de leurs émissions de carbone. Nous devons développer ce type d’initiatives pour être producteurs de solutions pour ces grandes entreprises.”

Développer l’alimentation de proximité peut également être un levier efficace de diminution de l’empreinte carbone de tous les domaines d’activité liés à l’agriculture. Des plans d’alimentation territoriaux sont ainsi développés avec les Chambres d’agriculture pour accentuer la place des produits locaux dans les cantines et les collectivités. 

Olivier Bazalge

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