"Ils n'ont pas compris qu'ils vont se nourrir avec des produits importés," a lancé Delphine Fernandez (JA 30), à propos des consommateurs français, qui risqueraient de se voir privés de leur "souveraineté alimentaire".
La colère est montée d'un cran ce mardi 18 décembre, dans les rangs du Syndicat des vignerons gardois (SVG). Rejoints par les Jeunes agriculteurs, ils s'étaient donné rendez-vous à la Chambre d'agriculture du Gard, avant de lancer leur convoi de tracteurs et de bennes sur la route, direction la MSA et la DDTM (Direction départementale des territoires et de la mer). Exaspérés d'être "pointés du doigt" et "stigmatisés" quant à leurs pratiques agricoles, sans compter les taxations qui augmentent (sur la pollution de l'eau, RPD), le retard du versement des aides Pac (MAEC), le PCAE, l'agribashing qui brasse des idées reçues, les enjeux du tournant agroenvironnemental... Dans leur appel commun à mobiliser, les agriculteurs intiment l'Etat à prendre en compte "l'urgence de donner du temps et des moyens à la transition écologique de l'agriculture qui mérite d'autres moyens que la fiscalité punitive”. Ce matin-là, ils ont joint les actes à leur parole.
RPD, taxes, agribashing : stop aux freins à la compétitivité !
Membre du SVG, Nicolas Boudon a rappelé, si besoin était, aux dizaines d'agriculteurs présents à la Chambre d'agriculture, les revendications qui ne cessent d'être martelées depuis des mois. "L'Etat nous doit les MAEC (mesures agro environnementales et climatiques, ndlr), les PCAE (plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles, ndlr) depuis 2016, 2017 et 2018 ! On nous avait donné un calendrier, mais il n'a pas été respecté. Les services de l'Etat nous avaient dit que les aides pour 2016 et 2017 seraient payées en novembre 2018..." Le solde des primes à la plantation et la hausse de la "taxe sur l'eau", à savoir la redevance pour pollution diffuse (RPD) ne font qu'alourdir l'ardoise, et plomber un peu plus le moral. "Sur certaines exploitations, celles de 30 à 50 ha en moyenne, cette augmentation de taxe va coûter entre 20 000 et 25 000 € supplémentaires", nous indique Nicolas Boudon, réfractaire, comme l'ensemble de la profession, à ces "freins à la compétitivité".
Une situation "ubuesque" pour les agriculteurs
Sur les coups de 10 h, le cortège de tracteurs s'est acheminé vers la DDTM, et la MSA, à proximité. En déversant une première benne de terre, de souches et de cucurbitacées en tout genre sur le portail d'entrée des locaux de la DDTM, le ton était donné. Ce n'était qu'un prélude à l'entrée sans ménagement dans les lieux. Un des vignerons proche du SVG a aussitôt engagé la discussion avec le directeur départemental adjoint. Quelque peu éberlué par l'arrivée tonitruante des agriculteurs, Patrick Alimi (en poste depuis deux mois) n'a pas eu d'autre choix que d'écouter les revendications de la délégation. Accompagné de Catherine Bergogne, adjointe au chef du service économie agricole, il a reçu une dizaine d'agriculteurs mécontents au cours d'une réunion improvisée. Guilhem, vigneron gardois, a fait part de l'exaspération collective, sans détours. "On parle au nom des éleveurs, des bergers, des viticulteurs, des maraîchers... Au nom de toute la profession agricole", a-t-il débuté, avant d'enchaîner sur le projet d'augmentation de la fameuse RPD de 40 % en moyenne (votée le lendemain, mercredi 19 décembre à l'assemblée nationale, ndlr). "C'est ubuesque !" s'est exclamé le vigneron. Autre raison de la colère : la distorsion de concurrence entre les produits de l'Union européenne, ne répondant pas tous aux mêmes réglementations, selon les traitements autorisés dans certains Etats, mais importés sur le territoire français. L'exemple des cerises turques traitées au diméthoate, vendues en France, où l'insecticide est pourtant interdit, est "inadmissible" pour l'agriculteur. "Il faut harmoniser les normes européennes !"
Philippe Douteau
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